Je me souviens d’une interview du grand maître international Maxime Vachier-Lagrave, numéro 2 mondial en 2016 et 2017 et le premier joueur d’échecs français à avoir atteint un classement supérieur à 2800 points elo, où l’intervieweur lui demandait : « Quel est le conseil que vous donneriez pour progresser aux échecs? ». Sa réponse fut immédiate : « Travaillez les finales ! C’est là où vous gagnerez tous les points faciles ».
Combien de positions gagnantes et de positions nulles en finale se terminent piteusement en nulles ou en défaites à chaque tournoi d’échecs ? Un grand nombre ! Et ce même parmi les maîtres et grands maîtres ! Voici un exemple célèbre.
Sommaire
Pourquoi étudier les finales de base ?
Les arguments sont nombreux en faveur de l’étude des finales pour progresser aux échecs :
- On est souvent en manque de temps en finale (le terrible zeitnot!). Pendant cette phase de jeu, on n’a souvent pas le temps de calculer beaucoup de variantes ou de trouver des idées nouvelles. Mais si on connaît déjà les idées importantes et les positions clefs, alors convertir les finales devient une simple tâche technique. Une position théorique comme la position de Lucena (tour+pion contre tour) se gagne alors « toute seule » sans trop d’efforts ;
- Connaître les finales de base permet d’avoir un boost de confiance en partie : si on se dirige vers une finale qui nous est familière, on se sentira à l’aise et dans de bonnes dispositions pour trouver des coups corrects, que ce soit en attaque pour le gain ou en défense pour tenir la nulle. À l’inverse, si on n’a aucune idée du résultat théorique de la position de finale obtenue et que l’on se sent en terrain inconnu, bonjour le stress et les coups à la qualité aléatoire ! ;
- Connaître les finales de base permet de mieux appréhender la transition entre le milieu de jeu et la finale : en milieu de partie, si on voit une suite de coups forcés permettant d’amener vers une position de finale dont on connaît déjà le résultat théorique, il devient alors beaucoup plus facile d’évaluer les positions de milieu de partie ;
- Au contraire de la théorie des ouvertures qui évolue tous les jours, au gré de l’évolution des logiciels d’échecs et des variantes utilisées au plus haut niveau par l’élite des grand maîtres internationaux, la théorie des finales est bien connue et n’évolue plus : une fois les positions basiques apprises, les techniques et idées associées seront toujours valides ad vitam eternam et ne seront jamais réfutées. Il suffit de faire l’effort de les apprendre une fois ! ;
- Enfin, étudier les finales de base t’évitera la mésaventure de te sentir très bête comme l’ancienne championne du monde Anna Ushenina (2491 elo) qui s’est révélé incapable de mater son adversaire dans une finale théorique avec deux pièces de plus (un fou et un cavalier) lors du Grand Prix de Genève en 2013.
Mais alors, quelles finales apprendre et comment les étudier ? Pas de panique ! Voici juste pour toi le top 5 des finales à connaître par cœur et qui te ramèneront beaucoup de points dans tes futures parties !
La position de Lucena (tour+pion contre tour)
Il s’agit de la position élémentaire de gain en finale de tours avec un pion de plus. Le camp avec le pion de plus a le roi placé devant le pion tandis que la tour utilise la « technique du pont » pour protéger le roi. Je ne serai pas étonné d’apprendre que les enfants en Russie apprennent cette finale par cœur avant même de savoir parler !
La position de Philidor (tour+pion contre tour)
Il s’agit de la position élémentaire de nulle en finale de tours avec un pion de moins. Le camp avec le pion de moins a le roi placé devant le pion adverse tandis la tour va couper le roi adverse le long d’une rangée. Cette position est souvent montrée avec une coupure de la tour le long de la 6ème rangée car il s’agit d’une position critique mais cette technique de défense est tout aussi valable en décalant la position des pièces avec une coupure le long de la 5ème ou 4ème rangée.
Le petit côté (tour+pion contre tour)
Parfois il est impossible d’atteindre la position de Philidor et d’annuler ainsi en sifflotant. Ne désespère pas, des techniques alternatives de défense existent. La première technique consiste à toujours aller du petit côté avec le roi plutôt que du long côté, afin de pouvoir harceler le roi adverse avec des échecs latéraux de tour. Voyons cette défense en pratique !
La défense de Kling et Horwitz (tour+pion contre tour)
La défense de Kling et Horwitz est certainement la moins connue des techniques de défense mais probablement une des plus utiles ! En la combinant avec l’astuce du petit côté (mettre le roi du petit côté pour ne pas interférer avec la tour qui va harceler le roi adverse avec des échecs latéraux du long côté), elle permet d’annuler des positions plus compliquées comme la position suivante.
La position de Centurini (fou+pion contre fou)
Le compositeur italien de problèmes d’échecs Luigi Centurini a étudié au 19ème siècle tout un ensemble de positions de finales avec des fous de même couleur. Nous allons étudier les deux exemples les plus instructifs. Le premier exemple est le plus simple :
Le deuxième exemple est plus difficile (et plus célèbre) :
Conclusions
Les finales présentées dans cet article sont parmi les finales les plus fréquentes aux échecs. Mets bien en pratique ces finales et à toi les victoires faciles ou les nulles arrachées de haute volée !