Découvre tous les détails du match Kasparov contre Deep Blue et tous les secrets des parties d’échecs montrées dans la série Rematch d’Arte !
Sommaire
- Le contexte de la série Rematch
- Épisode 1 : le premier match entre Kasparov et Deep Blue
- Épisode 2 : les deux premières parties d’échecs du rematch
- Épisode 3 : la troisième partie du rematch
- Épisode 4 : le championnat du monde Karpov-Kasparov de 1984
- Épisode 5 : la quatrième partie du rematch
- Épisode 6 : les cinquième et sixième parties du rematch
- Mon avis sur la série Rematch
Le contexte de la série Rematch
En 1997, lors d’un match spectaculaire de parties d’échecs à grands enjeux, le monde observa avec stupeur la défaite du champion du monde d’échecs, le grand maître Garry Kasparov, contre le super-ordinateur Deep Blue conçu par la société IBM. Ce match, qui est encore de nos jours la bataille « Homme vs Machine » la plus célèbre de l’histoire des échecs, est l’objet de la série Rematch sur la plateforme Arte.tv.
Pourquoi la série s’appelle-t-elle Rematch et pas juste Match? C’est parce que le premier affrontement entre Kasparov et les ordinateurs d’échecs date bien d’avant 1997. Dès 1989, Kasparov joua un match en 2 parties contre un ancêtre du programme Deep Blue, appelé Deep Thought (« Pensée Profonde ») à l’époque, et Kasparov gagna aisément le match 2-0 en balayant Deep Thought à chaque partie. En 1996, contre le programme désormais renommé Deep Blue (en référence à « Big Blue », le surnom de l’entreprise IBM avec son logo bleu), Kasparov gagna cette fois un match en 6 parties sur le score de 4 à 2. Deep Blue gagna la toute première partie du match contre Kasparov, mais Kasparov revint au score dès la 2ème partie et s’imposa finalement.
En 1997, un rematch en 6 parties eut lieu entre Deep Blue et Kasparov. Le scénario s’inversa cette fois car Kasparov s’imposa directement dans la première partie, mais l’ordinateur fit tout de suite un come-back en gagnant la seconde partie. Trois nulles pleines de tension s’ensuivirent, menant à une sensationnelle dernière partie. Kasparov choqua tout le monde en adoptant sciemment avec les pièces noires une variante d’ouverture qu’il savait objectivement douteuse et inférieure, mais il pensait que l’ordinateur matérialiste serait incapable de réagir comme un humain et de trouver la réfutation qui implique un sacrifice de cavalier pour des compensations stratégiques de long terme.
Mais Deep Blue joua bel et bien le sacrifice de cavalier réfutant la variante noire, et Kasparov abandonna après juste 19 coups. Le rematch se conclua donc par une partie miniature qui scella la défaite de Kasparov contre Deep Blue.
La série « Rematch » est un thriller psychologique passionnant qui raconte ces événements de manière romancée en s’autorisant des écarts avec la réalité pour plus d’intensité dramatique (par exemple, Kasparov est montré se préparant tout seul dans la série alors qu’il était assisté par de nombreux secondants en réalité ou bien Deep Blue est montré en train de crasher avec un écran bleu pendant une partie contre Kasparov alors que ce c’est jamais arrivé en réalité).
Il est grand temps de regarder épisode par épisode les parties et positions d’échecs montrées dans la série ! C’est parti !
Épisode 1 : le premier match entre Kasparov et Deep Blue
Le premier match en 6 parties de 1996
L’épisode 1 s’ouvre sur une conférence de Garry Kasparov en 2021 où il disserte sur la philosophie et la stratégie du jeu d’échecs tout en rejouant sur un échiquier la célébrissime partie de l’opéra jouée en 1858 à Paris.
La série fait ensuite un bond de 25 ans en arrière et plonge en 1996 dans l’atmosphère du premier match de Garry Kasparov contre le superordinateur Deep Blue. On voit Garry Kasparov rejouer et analyser dans sa chambre d’hôtel un grand nombre de parties jouées par Deep Blue :
- La défaite de Deep Blue contre le logiciel Fritz en 1995 (les coups 13 à 15 sont montrés) ;
- La victoire de Deep Blue contre le logiciel Socrates en 1995 (les coups 16 à 18 sont montrés) ;
- La défaite du GM Lars Bo Hansen contre Deep Blue en 1993 ;
- La nulle entre Deep Blue et le grand maître Bent Larsen en 1993 (le sacrifice de tour 28. Txf7+! de Deep Blue est montré) ;
- La victoire brillante de Deep Blue contre le maître danois Svend Hamann en 1993 (l’incroyable sacrifice de tour 34. … Txb3!! de Deep Blue est montré mais beaucoup trop rapidement) ;
- La nulle entre le GM Lars Schandorff et Deep Blue en 1993 ;
- La partie rapide jouée par la grand maître Judith Polgar contre Deep Blue en 1993 ;
- La défaite de Deep Blue contre le maître danois Bjarke Barth Sahl en 1993 (les coups 21 et 22 sont montrés) ;
- Une 2ème nulle en 1993 entre Deep Blue et Bent Larsen (les coups 32 à 34 sont montrés) ;
- La victoire de Deep Blue contre le GM Jens Kristiansen en 1993 (les coups 16 et 17 sont montrés) ;
Un peu plus tard, une séquence de flashback montre Garry Kasparov enfant en train de jouer contre son père. Garry Kasparov remporte la partie grâce à un mat à l’étouffé inspiré d’une partie de 2019 entre la grand maître chinoise Tan Zhongyi et la grand maître ukrainienne Anna Mouzytchouk.
La partie 1 du match de 1996 commence ensuite avec un Deep Blue amélioré capable d’effectuer 11,4 milliards d’opérations mathématiques par seconde (soit environ 100 fois moins qu’un Iphone de 2020 😄). Et la machine gagne ! Rejoue la partie ci-dessous.
Kasparov avec les pièces blanches contre-attaque tout de suite dans la deuxième partie avec une domination positionnelle des cases blanches que Deep Blue ne comprend pas (Deep Blue avec les noirs joue le très mauvais coup 19. … Fxb4?? montré dans la série, une grosse faute positionnelle qui laisse les blancs échanger leur fou des cases noires contre le cavalier noir en f6). Avec cette jolie victoire, Kasparov recolle au score avec un point partout ! Tu peux trouver une analyse de cette deuxième partie par le grand maître français Étienne Bacrot dans la vidéo ci-dessous.
Les parties suivantes du match sont à peine montrées dans la série. La partie 3 et la partie 4 se concluent toutes deux par la nulle, tandis que Kasparov remporte avec la manière les parties 5 et 6. Ainsi, Kasparov gagne finalement le match de manière très convaincante sur le score de 4 à 2.
- Rejoue ici la partie 3 du match de 1996 (nulle ; la séquence finale 38. Txd4 Txd4 39. Txa6 b4 avec la nulle est montrée)
- Rejoue ici la partie 4 du match de 1996 (nulle ; la séquence de coups 39. Tc7 Df8 40. Ta7 Ce5 41. Txa5 est montrée)
- Rejoue ici la partie 5 du match de 1996 (victoire de Kasparov ; aucun coup n’est montré)
- Rejoue ici la partie 6 du match de 1996 (victoire de Kasparov ; la séquence finale de coups 41. … Rh6 42. Tb2 Db7 43. Tb4 est montrée avec l’abandon de Deep Blue)
La préparation pour le rematch en 6 parties de 1997
Peu de temps après la défaite de Deep Blue en 1996, alors que Ren Guan Lin travaille dans le sous-sol d’IBM , nous pouvons apercevoir sur un écran d’ordinateur une position d’ouverture cruciale avec un sacrifice de cavalier en e6 qui est un gros clin d’œil à la dernière partie du rematch à venir entre Kasparov et Deep Blue !
Notons par ailleurs que Ren Guan Lin est un personnage fictionnel surnommé « PC » pour « Particulièrement Cinglé » dans la série et que ce personnage est inspiré du véritable créateur de Deep Blue, l’informaticien Feng-hsiung Hsu, qui est en réalité surnommé « CB » pour « Crazy Bird ».
Quelques scènes plus tard, nous faisons ensuite la connaissance du GM Paul Nelson (un personnage fictionnel inspiré du GM Joel Benjamin qui a aidé à concevoir le répertoire d’ouvertures de Deep Blue). On le voit rejouer dans un parc une partie de l’olympiade des échecs de 2022 entre le super grand maître Wesley So et le grand maître Hrant Melkoumian.
Nous voyons ensuite Kasparov et l’équipe de Deep Blue se préparer activement pour le rematch ! Kasparov étudie d’abord la position suivante où les noirs ont un grand avantage grâce à leurs pièces plus dynamiques et prêtes à attaquer le roi blanc au centre. Kasparov capture la tour blanche en d1 avec le pion c2, faisant promotion dame.
Côté Deep Blue, Paul Nelson fait crasher la machine lors d’une partie d’entraînement en jouant avec les noirs son fou des cases noires de g7 en h6, faisant ainsi échec au roi blanc.
Le GM Paul Nelson remporte ensuite une autre victoire à l’entraînement avec les noirs contre Deep Blue grâce à une belle attaque sur le roi blanc.
Pendant ce temps-là, Kasparov récite à toute allure sur son échiquier les 20 premiers coups d’une ligne d’ouverture très pointue sur une variante théorique de la partie écossaise.
Finalement, une autre position tirée d’une partie d’entraînement entre Paul Nelson et Deep Blue est montrée. De manière assez rigolote, il s’agit d’une position tirée d’une partie jouée en 2017 entre deux ordinateurs d’échecs, le logiciel Alphazero avec les pièces blanches et le logiciel Stockfish avec les pièces noires. On voit Paul avec les pièces blanches jouer à l’écran le même coup qu’Alphazero, à savoir 55. Df4-f3.
La première partie du match arrive bientôt et on voit Kasparov analyser une position dans sa chambre d’hôtel alors qu’une limousine l’attend. Il s’agit d’une position tirée d’une partie jouée en 2008 en Russie entre les joueuses titrées Irina Krioukova et Olga Guiria.
Kasparov est ensuite interviewé par un journaliste tout en jouant une partie d’échecs. Kasparov n’a aucune difficulté à battre le journaliste en seulement 15 coups.
Finalement, le GM Paul Nelson joue une nouvelle partie d’entraînement contre Deep Blue, mais cette fois il se fait démolir en 19 coups par l’ordinateur qui calcule désormais 200 millions de coups par seconde. Deep Blue remporte la partie avec les noirs grâce à un magnifique sacrifice de dame.
Épisode 2 : les deux premières parties d’échecs du rematch
L’épisode s’ouvre sur l’échiquier de Kasparov avec une position tirée d’une variante de l’ouverture anglaise 1. c4.
Puis, enfin, le premier match du rematch a lieu ! Kasparov ouvre le bal en jouant le premier coup 1. Cf3 avec les pièces blanches.
Kasparov remporte donc la première partie du rematch contre Deep Blue ! Pour l’histoire, le coup de tour extrêmement mauvais 44. … Td1 ?? de Deep Blue était en réalité… dû à un bug ! Il ne fut découvert que bien après le rematch. La machine était bloquée dans une boucle de programmation infinie et ne s’en est sortie qu’en jouant un coup légal au hasard, qui se trouva être 44. … Td1 ??. Ce qui est ironiquement amusant est que ce coup perturba beaucoup Kasparov à cause de l’incohérence entre le coup brillant 35. … h5! et la gaffe terrible 44. … Td1??. Kasparov se mit à penser que la machine était capable de calculer bien plus loin qu’il ne le pouvait lui-même, et que la machine avait vu quelque chose que lui-même n’avait pas vu, ou bien que des humains avaient en fait joué ces 2 coups là au lieu de la machine. La psychologie entra en jeu et commença à perturber le jeu de Kasparov alors que la machine était évidemment insensible à la pression psychologique du match.
Voici au passage l’étude que l’on peut voir sur l’échiquier pendant la séquence de flashback entre le père de Kasparov et Kasparov enfant. Kasparov se plaint à son père qu’il n’arrive pas à la résoudre, et effectivement c’est normal car elle est vraiment très difficile ! 😄Les blancs jouent et gagnent.
Après la défaite, PC et Paul Nelson joue une autre partie d’entraînement de Deep Blue. Deep Blue n’a aucune difficulté à mater Paul en 28 coups avec les pièces blanches grâce à un sacrifice positionnel (!) de dame .
La deuxième partie du rematch est lancé ! Cette fois Deep Blue a les pièces blanches contre Kasparov qui joue les noirs.
L’abandon de Kasparov dans une position objectivement nulle est un coup de tonnerre dans le rematch ! Cela n’enlève toutefois rien à Deep Blue qui a joué une excellente partie positionnelle, et dont le coup « humain » 37. Fe4! a grandement perturbé Kasparov pendant la partie, lui qui ruminait déjà certainement sur les coups 35. … h5! et 44. … Td1?? de la première partie. En effet, on peut penser qu’un Kasparov en pleine forme aurait au moins remarqué que 45. … De3!! lui donnait de sérieuses chances de nulle. En tout cas, après deux parties, le score est à égalité un partout entre l’homme et la machine.
Épisode 3 : la troisième partie du rematch
Kasparov achète des ordinateurs d’échecs et joue un certain nombre de parties contre eux. Il gagne facilement !
On voit ensuite Kasparov gagner plusieurs parties avec les blancs dans des positions finales de mat extrêmement dominantes.
Enfin on entraperçoit quelques positions de milieux de jeu, probablement venant d’une défense Grünfeld, où Kasparov joue encore les blancs et a un bon avantage. Le coup joué par Kasparov est indiqué avec une flèche bleue dans les deux positions ci-dessous.
Enfin, la troisième partie du match commence ! Kasparov vient avec une grosse surprise dans l’ouverture pour cette troisième partie car il joue avec les blancs l’ultra-rarissime 1. d3, l’ouverture Mieses. L’idée de Garry était double :
- rendre le livre théorique d’ouvertures pré-enregistrées de Deep Blue complétement inutile et forcer Deep Blue à jouer les coups de l’ouverture par lui-même
- retomber par transposition dans une position de milieu de jeu familière issue de l’ouverture anglaise 1. c4.
Après ce match nul, on voit Paul Nelson discuter avec les autres grands maîtres comment enrichir le répertoire d’ouvertures de Deep Blue dans la sicilienne, en particulier sur la variante du pion empoisonné de la Najdorf et sur la variante Polougaïevski. Une position tirée de la sicilienne Najdorf est par ailleurs affichée sur l’échiquier de démonstration.
Pendant ce temps, Garry Kasparov effectue une simultanée contre des traders à la bourse de New York. Voici la conclusion de la dernière partie de la simultanée.
L’épisode se conclut sans autres parties d’échecs notables.
Épisode 4 : le championnat du monde Karpov-Kasparov de 1984
Cet épisode offre l’opportunité, à travers un flashback dans le passé, de se plonger dans l’ambiance du championnat du monde d’échecs de 1984 joué entre le champion du monde de l’époque, Anatoli Karpov, et son challenger Garry Kasparov. Le vainqueur du championnat serait le premier joueur à gagner 6 parties, les nulles ne comptant pas pour le score final.
La 9ème partie du championnat du monde est montrée en détails dans la série. Karpov menait 3 à 0 avant le début de cette partie.
Après cette démonstration brillante en finale de pièces légères, Karpov menait 4 à 0 dans le match et sa victoire paraissait assurée.
Un peu plus tard, alors que Kasparov et son secondant Kolya discutent sur comment surprendre Karpov dans l’ouverture et prendre l’avantage pour la 10ème partie, Kasparov montre à Kolya une nouveauté théorique 10. d5! dans la défense ouest-indienne. Kasparov joue ensuite cette nouveauté dans la 10ème partie, mais Karpov ne semble pas surpris et la nulle par consentement mutuel est conclue après seulement 15 coups.
Nous assistons ensuite aux derniers coups de la nulle en 21 coups lors de la 12ème partie du championnat du monde. 27 nulles consécutives s’enchaînent de la partie 10 à la partie 26 du match ! Et les nulles ne comptant pas pour déterminer le score final et le vainqueur, le match s’éternise de manière interminable.
Garry Kasparov et son secondant joue une partie d’entraînement à l’aveugle où chacun des joueurs doit faire une pompe avant d’annoncer son coup. Kasparov fait preuve de son endurance en faisant des pompes jusqu’à la fin de la partie et en battant en 15 coups son secondant avec un beau sacrifice de dame dans une défense Grünfeld.
Les parties suivantes du match ne sont pas montrées dans la série. La partie 27 est remportée par Karpov, qui mène désormais 5 à 0 : Karpov n’est donc plus qu’à une seule victoire de remporter le titre de champion du monde. Mais le match bascule à la partie 32 quand Kasparov remporte enfin sa toute première partie contre Karpov ! Kasparov remporte ensuite les partie 47 et 48, remontant le score à 3 contre 5, contre un Karpov qui a perdu 10 kg depuis le début du championnat (qui a duré 5 mois entre le 10 septembre 1984 et le 8 février 1985). Le président de la FIDE de l’époque prend alors la décision d’arrêter le match après la partie 48 pour préserver la santé des 2 participants, alors qu’il paraît clair à tout le monde que Kasparov allait finir par gagner le match à l’endurance malgré son retard 3 à 5 au score.
Un rematch en 24 parties est organisé en septembre 1985 entre Karpov et Kasparov. Kasparov mène 12 à 11 contre Karpov après 23 parties. Karpov doit impérativement l’emporter dans la 24ème et toute dernière partie pour finir le match à égalité. Cette dernière partie s’ouvre sur une défense sicilienne très tendue.
Kasparov s’impose finalement avec les noirs contre Karpov dans la toute dernière partie et devient enfin champion du monde pour la première fois en 1985.
De retour en 1997, le GM fictionnel Xavier Valens pose à Garry Kasparov une devinette : quels sont les coups d’une partie qui commence par 1. e4 et qui se termine au 5ème coup par un cavalier prenant une tour avec échec et mat ? Garry finit par trouver la solution à cette petite énigme échiquéenne après un certain temps de réflexion.
Il est ensuite grand temps de démarrer la 4ème partie du rematch de 1997 entre Deep Blue et Kasparov !
Épisode 5 : la quatrième partie du rematch
La série présente de manière très dramatisée la 4ème partie du rematch entre Kasparov et Deep Blue avec trois grosses différences par rapport à la réalité historique :
- Kasparov n’est jamais arrivé en retard pour une partie contre Deep Blue ;
- le programme informatique de Deep Blue n’a jamais crashé pendant une partie contre Kasparov ;
- la série montre la partie abrégée au 30ème coup avec une proposition de nulle de Kasparov, alors qu’en réalité la partie fut jouée jusqu’au 56ème coup avec une nulle en finale de tours.
Voici la partie complète.
Un peu plus tard dans l’épisode, on voit l’agent de Kasparov jouer sa toute première partie d’échecs contre Kasparov lui-même. Évidemment, l’agent avec les blancs se prend le mat de l’idiot 1. g4 e5 2. f3 Dh4#. Cela contraste bien avec le niveau stratosphérique des parties entre Kasparov et Deep Blue !
La position suivante peut être vue sur l’échiquier devant le GM Paul Nelson lors de sa conversation avec PC. Les blancs sont échec et mat et les noirs ont gagné malgré leur désavantage matériel (une qualité en moins).
L’épisode se termine avec le premier coup 1. Cf3 de la 5ème partie. Rendez-vous dans l’épisode final pour le dénouement !
Épisode 6 : les cinquième et sixième parties du rematch
L’épisode s’ouvre sur les tout derniers coups de la 5ème partie entre Kasparov et Deep Blue.
Après cette partie tendue entre Kasparov et Deep Blue, le public peut se détendre un peu en regardant le personnage de PC essayer de jouer aux échecs à trois dimensions sous l’œil du GM Paul Nelson. Cela semble inspirer une idée de variante d’ouverture à Paul dans la variante berlinoise de la partie espagnole. Il s’agira de la variante jouée à la fin de l’épisode entre Kasparov et Paul Nelson lors d’une partie de blitz.
Après cet intermède, Kasparov décide de jouer une simultanée internationale par Internet en prenant les pièces noires à chaque échiquier. On le voit jouer les défenses suivantes avec les pièces noires :
- 1. Cf3 d5 l’ouverture Zukertort
- 1. e4 c5 la défense sicilienne
- 1. Cc3 d5 l’ouverture Van Geet
- 1. e4 d5 la défense scandinave
- 1. f4 d5 l’ouverture Bird
- 1. d4 f5 la défense hollandaise
- 1. e4 c6 la défense Caro-Kann
Pendant ce temps, le GM Paul Nelson joue avec PC des parties d’entraînement contre Deep Blue dans le sous-sol de l’immeuble IBM.
Après cette séquence, un flashback montre Kasparov enfant jouant un sacrifice de cavalier avec les blancs contre la défense Caro-Kann jouée par son père. Kasparov sait maintenant quelle ouverture il va jouer avec les noirs contre Deep Blue : il va jouer cette variante douteuse de la défense Caro-Kann car il est persuadé que Deep Blue avec les blancs sera incapable de jouer le sacrifice de cavalier prenant l’avantage. En effet, le sacrifice de cavalier ne donne pas de gain forcé pour les blancs, mais juste des grandes compensations positionnelles qui sont très difficiles à comprendre pour un ordinateur de l’époque comme Deep Blue, dont l’algorithme est matérialiste et n’aime pas sacrifier des pièces. Si le sacrifice de cavalier n’est pas joué par Deep Blue, alors Kasparov obtiendra un grand avantage directement dans l’ouverture avec les noirs.
Et c’est ainsi que Deep Blue remporta en 1997 le rematch en 6 parties contre le champion du monde d’échecs Garry Kasparov sur le score de 3,5 points à 2,5 points.
Mon avis sur la série Rematch
La série montre de manière très réaliste les parties d’échecs de haut niveau avec l’utilisation de la pendule, la notation des parties, l’ambiance dans la salle de jeu et la lutte mentale entre les joueurs au moyen de l’échiquier et de ses pièces. Malgré ses quelques approximations historiques dans le but de rendre la série plus dramatique et plus intense, la série Rematch illustre à merveille ce point de bascule des années 1996 et 1997 où l’ordinateur devint capable d’égaler puis de surpasser l’homme dans une discipline intellectuelle où l’homme fut le meilleur pendant des siècles, les échecs.
🔵⚪🔴👎Petite critique de la VF : C’est vraiment dommage que la pièce la plus puissante aux échecs, la dame, ait systématiquement et incorrectement été traduite par « la reine » dans la version française de la série (soit la traduction littérale de « queen » qui est le nom de la dame en anglais). Il n’y avait vraiment pas un seul joueur ou joueuse d’échecs dans la production pour remarquer l’erreur de traduction ?
De nos jours, les ordinateurs et les logiciels d’échecs ont continué à progresser jusqu’à un point où ils sont tellement plus forts que les humains qu’il n’y a absolument plus aucun intérêt à organiser des matchs entre les hommes et les machines : les machines gagneraient beaucoup trop facilement ! Un des derniers matchs d’ampleur Homme vs Machine fut organisé en 2005 entre le numéro 7 mondial de l’époque, le grand maître britannique Michael Adams, et l’ordinateur d’échecs Hydra. Le résultat fut cruel pour Michael Adams car il se fit complètement écraser par Hydra, perdant 5 fois et ne parvenant qu’à annuler une seule partie sur les 6 parties du match. Ce progrès phénoménal des logiciels d’échecs pose d’ailleurs des problématiques de triche dans les compétitions moderne d’échecs car un logiciel d’échecs tournant sur un simple smartphone est capable de battre aisément n’importe quel joueur humain, y compris les meilleurs joueurs du monde.
Pour conclure, après le succès de la série Le jeu de la dame sur Netflix, je suis très content d’avoir vu une autre série s’inspirer du jeu d’échecs pour proposer une histoire intense et faire découvrir au plus grand nombre une partie du parcours passionnant du champion du monde Garry Kasparov et ses 2 matchs contre Deep Blue qui ont marqué à tout jamais l’histoire du jeu d’échecs.