Je te partage les meilleures astuces pour apprendre à jouer plus vite de manière efficace pendant une partie d’échecs et éviter se se retrouver dans une crise de temps terrible à la pendule. Si le zeitnot gâche trop souvent tes parties, cet article est pour toi ! Nous allons voir :
- le mécanisme psychologique qui nous fait jouer trop lentement en tant que joueur d’échecs ;
- plusieurs méthodes à mettre en place pour apprendre à jouer plus vite ;
- quelle est la bonne manière de réagir quand l’adversaire est en manque de temps.
Sommaire
- Le résumé ultime pour mieux gérer son temps aux échecs et jouer plus vite
- Qu’est-ce que le zeitnot ?
- Pourquoi les joueurs d’échecs finissent trop souvent en manque de temps
- Les astuces pour bien gérer son temps à la pendule et éviter le zeitnot
- Accepter de ne pas chercher le meilleur coup dans chaque position
- Écrire son temps restant sur la feuille de partie après chaque coup
- Analyser ses temps de réflexion à la maison
- Faire la chasse à la moindre perte de temps inutile
- Mettre à profit le temps de son adversaire
- S’entraîner à réfléchir en temps limité
- Et si l’adversaire lui-même est en zeitnot ?
- Conclusion : jouer plus vite aux échecs est un combat de longue haleine
Le résumé ultime pour mieux gérer son temps aux échecs et jouer plus vite
- Convaincs-toi que chaque seconde de ton temps de réflexion à la pendule est importante.
- Écris ton temps restant à la pendule pendant la partie après chaque coup et tires-en des conclusions après la partie.
- N’arrive jamais en retard pour une partie.
- Ne regarde pas les autres parties et évite de penser à d’autres choses pendant une partie.
- Ne perds pas du temps à réfléchir dans des positions d’ouverture où tu sais ce que tu vas jouer.
- S’il n’y a qu’un seul coup légal dans la position, joue-le instantanément.
- Si le prochain coup de ton adversaire est très probable, essaie de trouver une réponse pendant qu’il réfléchit et joue vite ta réponse après qu’il ait joué son coup.
- Ne passe pas trop de temps dans les positions non critiques – il est acceptable de ne pas jouer les meilleurs coups dans toutes les positions.
- Utilise une pendule d’échecs ou un chronomètre quand tu résous des problèmes d’échecs pour t’entraîner.
- Souviens-toi que les erreurs causées par un jeu trop rapide sont indispensables pour éviter les erreurs plus graves commises plus tard en zeitnot.
Qu’est-ce que le zeitnot ?
Les compétitions d’échecs où il faut noter ses coups sur une feuille de partie sont jouées à des cadences de jeu longues (dites cadence classique), par exemple 2 heures de temps de réflexion pour chaque joueur. Malgré tout ce temps de réflexion disponible, il n’est pas rare qu’un des deux joueurs utilise quasiment tout son temps de réflexion pour ses 20 premiers coups et se retrouve avec très peu de temps pour finir la partie : c’est le terrible zeitnot !
Zeitnot est un mot allemand qui signifie littéralement « manque extrême de temps ». Le zeitnot vient souvent gâcher les parties car on n’a plus le temps de réfléchir, de calculer les variantes ou même de bien observer la position sur l’échiquier. On propose nulle par panique à son adversaire pour essayer d’arrêter la partie tout de suite, on envoie mécaniquement les premiers coups qui nous viennent à l’esprit… et c’est souvent à ce moment de la partie qu’on commet les pires boulettes ! En tant que joueur d’échecs, c’est une expérience particulièrement frustrante de perdre la partie sur une seule gaffe commise en zeitnot alors qu’on avait méthodiquement construit sa partie et sa stratégie jusque-là. Le zeitnot peut être vu comme un des fléaux du joueur d’échecs qui cherche à progresser.
Pourquoi les joueurs d’échecs finissent trop souvent en manque de temps
La raison principale pour laquelle beaucoup de joueurs d’échecs se retrouvent en zeitnot est paradoxalement l’ambition de bien jouer et de trouver les meilleurs coups sur l’échiquier. En effet, beaucoup de joueurs d’échecs ambitieux jouent trop lentement :
- Les joueurs qui jouent trop vite sont souvent considérés comme pas sérieux ou pas assez concentrés sur leur partie. En jouant lentement, on se donne une image de joueur consciencieux et appliqué.
- Être ambitieux implique, entre autres, de chercher les meilleurs coups de chaque position. Ce comportement amène rapidement à une crise de temps à la pendule.
- Chercher la vérité sur l’échiquier (c’est-à-dire comprendre tous les tenants et aboutissants d’une position, d’un point de vue tactique et stratégique) est une activité qu’on n’a souvent pas le temps de mener en dehors des parties d’échecs. Cette activité est plaisante (c’est une des premières raisons pour laquelle on joue aux échecs !) mais elle consomme énormément de temps. On est souvent prêt à abandonner certaines choses pour jouer aux échecs et avoir ainsi l’opportunité de chercher cette vérité, mais il faut constater que nous avons des difficultés à abandonner la recherche de cette vérité pour jouer plus vite et gagner des parties !
La gestion du temps à la pendule fait partie intégrante de la pratique en compétition des échecs. Avec le raccourcissement des cadences de jeu, bien gérer son temps de réflexion devient encore plus crucial. Ce n’est pas une tâche aisée : il faut prendre beaucoup de décisions difficiles dans un temps très limité.
Les joueurs d’échecs qui jouent vite ne sont pas dilettantes, ils sont pragmatiques. Il est important de comprendre et d’accepter qu’une telle attitude est nécessaire, même aux échecs.
Les astuces pour bien gérer son temps à la pendule et éviter le zeitnot
Tu as décidé d’approcher une approche pragmatique pour mieux gérer ton temps et utiliser efficacement chaque seconde à la pendule : bravo, c’est la première étape pour s’améliorer et ne plus laisser le zeitnot dicter tes fins de partie !
Accepter de ne pas chercher le meilleur coup dans chaque position
Pour éviter le zeitnot, il faut jouer plus vite ! Et en jouant plus vite, on commet des erreurs qu’on n’aurait pas commises en jouant plus lentement. Mais ce qui compte, c’est de minimiser le nombre total d’erreurs graves commises sur toutes ses parties. En d’autres termes, il faut adapter sa vitesse de jeu de telle manière à ce que les conséquences des erreurs causées par le zeitnot soient égales aux conséquences des erreurs causées par un jeu trop rapide.
Cette maxime peut sembler radicale mais l’argument principal en faveur de cette règle est que la fréquence et la gravité des erreurs jouées aux échecs augmentent exponentiellement avec le manque de temps. Par exemple, la probabilité de jouer une grosse gaffe est bien plus forte si on joue un coup en 5 minutes et un autre coup en zeitnot avec 1 minute, que si on joue les deux coups en 3 minutes chacun.
Si on accepte cette manière de penser, il devient plus facile d’arrêter de se flageller pour une erreur commise en jouant trop vite. Ce type d’erreurs est absolument nécessaire pour éviter de jouer plus tard en zeitnot des erreurs encore plus graves.
Écrire son temps restant sur la feuille de partie après chaque coup
Ce conseil simple à mettre en place permet de prendre conscience du passage du temps pendant la partie et d’avoir comme un électrochoc quand on compare son temps restant à la pendule avec le temps écrit sur sa feuille de partie au dernier coup (« Oh wow cela fait déjà 15 minutes que je réfléchis sur cette position depuis mon dernier coup ! »). Cela permet également de rester motivé sur le long terme : c’est un moyen de se rappeler à chaque partie de jouer plus vite en utilisant efficacement chaque seconde offerte par la pendule.
En revanche je ne recommande pas d’écrire le temps restant de ton adversaire après chaque coup : ce n’est pas la gestion du temps de ton adversaire que tu essaies d’améliorer, mais la tienne ! Cela pourrait même te desservir en faisant prendre conscience à ton adversaire du temps qui lui reste, et l’inciter alors à jouer plus vite.
Analyser ses temps de réflexion à la maison
Noter son temps de réflexion restant à chaque coup fournit également une base objective pour analyser à froid après la partie combien de temps tu as passé sur chaque phase de jeu (ouverture, milieu de jeu, finale) et d’en tirer des observations pour progresser sur sa gestion du temps à la pendule. Pose-toi les questions suivantes :
- Ai-je joué assez vite ou trop lentement cette ouverture que je connais bien ?
- Combien de temps ai-je passé à réfléchir sur les positions critiques ?
- J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir sur cette position : le coup que j’ai finalement joué est-il le premier coup que j’avais envisagé, ou bien ma longue réflexion m’a-t-elle effectivement permis de trouver un meilleur coup que le premier que j’avais envisagé ?
Faire la chasse à la moindre perte de temps inutile
Un premier conseil de bon sens est de jamais arriver en retard pour une partie : à l’heure du démarrage, ton adversaire ou l’arbitre appuiera sur la pendule pour la démarrer et ton temps de réflexion s’écoulera en perte.
Un autre conseil de bon sens est d’éviter de passer du temps à regarder les autres parties en cours pendant la compétition ou de penser à autre chose que les échecs. Ce n’est pas facile, mais la première étape est de se décider à le faire. Si jamais je me surprends en train de penser à autre chose, je me punis immédiatement d’avoir perdu du temps précieux à la pendule. Chaque partie d’échecs est un combat du premier au dernier coup.
Si tu connais une variante d’ouverture par cœur, alors joue rapidement les coups d’ouverture. S’il n’y a qu’un seul coup légal dans la position, alors joue-le instantanément. Ce dernier conseil est particulièrement évident mais j’ai déjà observé des joueurs réfléchir et perdre un peu de temps alors qu’ils ne pouvaient jouer qu’un seul coup légal.
Mettre à profit le temps de son adversaire
Pendant que l’adversaire réfléchit, le calcul de variantes donne moins de résultats concrets. Il vaut plutôt mieux réfléchir en termes de stratégie globale, de structures de pions, de placements de pièces et de plans généraux à mener pendant la partie.
La seule exception est si il y a un coup évident pour ton adversaire et qu’il paraît extrêmement probable que l’adversaire le joue : dans ce cas, c’est une bonne idée de commencer à calculer des variantes concrètes avant que ce coup n’arrive effectivement sur l’échiquier. Pouvoir répondre rapidement dans ce cas permet non seulement d’économiser du temps, mais aussi d’empêcher ton adversaire d’utiliser ton temps pour réfléchir ! Pour cette raison, cela peut être une bonne idée par exemple de jouer deux coups rapidement à la suite dans une séquence forcée.
S’entraîner à réfléchir en temps limité
S’entraîner à la tactique en résolvant des problèmes d’échecs, c’est très bien. S’entraîner à la tactique en temps limité en utilisant une pendule d’échecs ou un chronomètre, c’est encore mieux !
C’est une excellente idée de se donner une quantité limitée de temps pour résoudre des exercices d’échecs, car cela nous force à prendre l’habitude de choisir un coup raisonnable dans un temps imparti. Si tu n’as pas fini tous tes problèmes d’échecs dans le temps imparti, tu perds au temps !
Additionnellement, tu peux décider de ne jamais utiliser plus de 20 minutes pour résoudre un problème d’échecs. L’idée est d’apprendre à éviter le perfectionnisme et à devenir plus pragmatique.
Et si l’adversaire lui-même est en zeitnot ?
Si l’adversaire est en zeitnot et se retrouve contraint à jouer tous ses coups très rapidement, on peut avoir la tentation de jouer très rapidement à son tour pour l’empêcher de profiter de notre propre temps pour réfléchir. Mais cette approche revient surtout à faire comme si on était en zeitnot soi-même, et on ne profite pas au final de son avantage au temps ! Il ne faut donc pas se laisser entraîner par le rythme rapide de jeu de son adversaire, ce qui est plus facile à dire qu’à faire, mais en prendre conscience est le premier pas pour éviter de jouer aussi vite que son adversaire pendant son zeitnot.
De manière générale, quand l’adversaire est en crise de temps, il vaut mieux éviter de jouer des tactiques simples et forçantes car ce sont des coups contre lesquels l’adversaire se défendra le plus facilement. Il vaut mieux jouer des coups lents, non forçants, et améliorant lentement sa position, laissant ainsi plus de latitude à l’adversaire pour se tromper.
Conclusion : jouer plus vite aux échecs est un combat de longue haleine
Malgré tous ces conseils, il est illusoire de penser que tu connaîtras plus jamais le zeitnot en partie. Apprendre à jouer plus vite est un processus long et pavé d’embûches. Cela va prendre du temps pour mettre en place tous les conseils donnés plus hauts et cela n’éradiquera pas à 100% les phases de zeitnot pendant tes futures parties. Mais si tu es motivé et que le zeitnot est actuellement un frein permanent à ta progression, gâchant régulièrement tes parties bien construites, alors j’ai bon espoir que tous les conseils donnés ci-dessus te soient très utiles ! Je te souhaite bon courage et beaucoup de plaisir aux échecs.